Nathalie Simard
Coordonnatrice aux opérations et à l’offre de services, Espace MUNI
En collaboration avec Jean Tremblay, Conseiller en développement social, Ville de Longueuil
Le Réseau des grandes villes en développement social est une communauté de pratique qui a été mise en place pour favoriser les échanges entre les villes québécoises ayant une population de 100 000 individus et plus. Les participants au réseau réfléchissent sur les rôles que doit jouer leur ville en matière de développement social et les meilleures manières de les remplir.
Le développement du Réseau
Le Réseau des grandes villes en développement social est composé de personnes représentant les dix grandes villes québécoises d’une population de 100 000 individus et plus, soit Gatineau, Laval, Lévis, Longueuil, Montréal, Saguenay, Sherbrooke, Terrebonne et Trois-Rivières, auxquelles s’est ajoutée récemment la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu qui, avec une population de 99 758 individus en 2022, se prépare à joindre le groupe des grandes.
S’ajoutent au réseau des personnes représentant les CISSS ou les CIUSSS qui desservent les territoires de ces grandes villes.
Ce réseau s’est formé en 2008, à une période où les grandes villes se sont montrées plus actives en développement social, notamment après la vague de fusions municipales au début de 2002 et l’adoption par le gouvernement des chartes municipales de ces grandes villes. Ces chartes prévoient, pour certaines villes, l’obligation d’élaborer un plan relatif au développement de leur territoire, qui présente notamment les objectifs poursuivis par la ville en matière de développement communautaire, économique, social et culturel1.
Comment les villes peuvent-elles assumer un leadership fort, soutenir les initiatives du milieu et être un partenaire en matière de développement social? Comment déployer le développement social à l’interne des municipalités?
Ces questions, les villes qui font face à des enjeux d’itinérance, d’habitation sociale et abordable, de pauvreté et de développement durable, pour ne nommer que ceux-là, se les posent depuis plus de 15 ans.
Cette communauté de pratique, mise sur pied par le Réseau québécois des Villes et Villages en santé, discute de sujets concrets, comme la lutte à l’exclusion, la participation sociale des jeunes et des personnes aînées et les politiques gouvernementales. Ses travaux portent également sur des réflexions plus conceptuelles liées au développement social, ses fondements et ses impacts.
Depuis la fusion du Réseau québécois des Villes et Villages en santé et du Carrefour action municipale et famille en 2020, qui a mené à la création d’Espace MUNI, c’est ce dernier qui en assure l’animation. Les trois ou quatre rencontres annuelles virtuelles rassemblent une vingtaine de personnes participantes. Elles comportent des présentations sur des sujets d’actualité, parfois par des spécialistes invités, et des tours de table sur les dynamiques vécues dans chacune des municipalités permettant d’approfondir ensemble des thématiques.
En somme, ces rencontres permettent :
- d’échanger de l’information sur les actions menées (outils, planifications, réalisations, etc.);
- de développer collectivement une réflexion sur les enjeux et les stratégies associés au développement social;
- de partager des outils et de l’expertise.
De plus, à la suite d’un souhait exprimé par les membres de la communauté de pratique, une enquête a été réalisée auprès des villes participantes en 2021 afin de dresser un portrait des ressources attribuées en développement social sur leur territoire. Bien que l’intervention en développement social ne soit pas uniforme d’une ville à l’autre, le sondage a permis de mettre en lumière des données intéressantes.
Dans l’ensemble des 8 villes participantes :
- 20 politiques et 30 plans d’action liés au développement social;
- 61 employés impliqués dans le développement social;
- Un budget global annuel de plus de 7 M$ pour les politiques sociales et les plans d’action, soit environ 0,2 % des budgets des villes;
- de près de 5,5 M$ pour les programmes et les projets liés au développement social, soit environ 0,15 % des budgets des villes;
- de près de 2,5 M$ pour soutenir les organismes liés au développement social.
Pour la majorité (7 villes sur 8), le développement social relève de la direction du loisir.
Un constat se dégage : les villes disposent de budgets municipaux minimaux en matière de développement social. Elles ne peuvent agir seules sur ces enjeux complexes. Le recours aux pairs et le partage d’informations au sein du Réseau des grandes villes en développement social facilitent l’entraide entre les grandes villes et permettent de consolider les stratégies et les mesures en développement social, en appui au travail des élus et des professionnels.