25 octobre 2022

Vivre ensemble autrement : les maisons intergénérationnelles, une solution à long terme prometteuse

Par Doreen Assaad, présidente d’Espace MUNI et mairesse de Brossard.

Considérant les bénéfices humains et financiers pour les familles et les personnes aînées, les maisons intergénérationnelles devraient-elles occuper une place plus grande dans l’offre d’habitation au Québec ?

C’est ce que croit Espace MUNI qui dévoile une enquête sans précédent sur les maisons intergénérationnelles au Québec. Celle-ci révèle l’intérêt des municipalités pour ce type d’habitation qui constitue une solution à plusieurs problèmes auxquels sont confrontées les municipalités et les familles.

Des avantages indéniables

La notion de maison intergénérationnelle fait son apparition en 1998 dans le jargon urbanistique, à la suite de revendications d’élues et élus municipaux préoccupés par l’enjeu démographique. Près de 25 ans plus tard, les maisons intergénérationnelles constituent encore et toujours une solution de choix face à de nombreux enjeux d’actualité.

La pandémie a démontré de nombreuses failles dans le système de résidences pour personnes aînées et elle a exacerbé l’isolement de plusieurs. Nous voilà, deux ans et quelques mois plus tard, face à une crise du logement sans précédent ainsi qu’une hausse importance des prix et des hypothèques frappant le marché immobilier. Dans ce contexte, les maisons intergénérationnelles constituent une piste de solution empreinte de solidarité afin soutenir les familles et briser l’isolement des personnes aînées en permettant de tisser des liens entre les générations.

Autre enjeu d’actualité : l’étalement urbain et son pendant, la densification du territoire, sont plus que jamais au cœur des discussions tant en matière d’urbanisme que d’environnement. En favorisant la cohabitation de deux ménages, les maisons intergénérationnelles permettent de densifier nos territoires et d’optimiser les infrastructures municipales (aqueduc, route, équipements sportifs, etc.) existantes plutôt de toujours bâtir plus, toujours plus loin, pour un nombre restreint de nouvelles occupantes et de nouveaux occupants.

Un flou juridique rédhibitoire

Malgré ces avantages indéniables pour les municipalités et la population, notre enquête fait ressortir de façon importante l’absence de mesures directes pour appuyer les familles voulant s’établir dans une maison intergénérationnelle. De plus, l’imprécision tant dans la définition que dans la législation entourant les maisons intergénérationnelles semble refroidir les municipalités qui souhaitent en faire la promotion ainsi que les ménages qui s’intéressent à ce type d’habitation.

Selon notre enquête, le principal obstacle au développement des maisons intergénérationnelles est que, dans bien des cas, la réglementation urbanistique empêche la transformation de ce type d’habitation en logement accessoire à la suite d’un décès. De plus, le fait que la réglementation n’est pas uniforme d’une municipalité à l’autre freine les familles désireuses de choisir cette option d’habitation, puisqu’elles se voient contraintes d’effectuer plusieurs recherches avant de choisir leur milieu de vie.

Souhaits pour l’avenir

Face à ces obstacles et considérant l’intérêt indéniable pour penser et développer de nouvelles façons de vivre ensemble, Espace MUNI espère vivement que les maisons intergénérationnelles se tailleront une place de choix tant dans l’espace public que les politiques du prochain gouvernement.

Une révision des lois et règlements sur les maisons intergénérationnelles devrait s’assortir de la mise en place d’un cadre de référence souple pour les municipalités voulant soutenir ce type d’habitation. Des mesures fiscales devraient également soutenir d’une part les municipalités en les compensant pour les pertes financières encourues – notamment au niveau de la perception des taxes – et, d’autre part, soutenir les individus grâce à des crédits d’impôts à la rénovation et à une révision plus généreuse du Régime d’accès à la propriété (RAP).

En novembre 2020, dans une déclaration envoyée à Radio-Canada, la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, affirmait que la construction de maisons intergénérationnelles était une avenue intéressante à développer dans le contexte de la pandémie et considérait « comme une priorité de faciliter ce type de projet ». Espérons que la récente conjoncture en matière de logement saura raviver l’intérêt des élues et élus municipaux et provinciaux en faveur de cette solution empreinte de solidarité intergénérationnelle.

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