Les personnes élues municipales sont souvent confrontées à un stress élevé en raison des multiples responsabilités qu’elles doivent assumer. Leur vie quotidienne s’en trouve affectée : troubles du sommeil, horaire des repas perturbé et charge mentale intense. Cette réalité frappe particulièrement les 64 % des personnes élues qui cumulent un emploi et un mandat électif. Dans ces conditions, elles font face à des risques significatifs d’épuisement et de détérioration de la qualité de vie personnelle.

Enjeux familiaux

Les personnes élues municipales du Québec peuvent se trouver confrontées à des défis majeurs lorsqu’il s’agit de concilier leurs engagements politiques avec leur vie familiale. Les exigences de leur fonction peuvent souvent empiéter sur le temps et la disponibilité qu’elles peuvent consacrer à leur famille. Ces interférences entre les sphères politique et familiale peuvent engendrer une pression accrue sur les partenaires de vie et une diminution du temps passé en famille. En somme, les engagements politiques peuvent avoir un impact significatif sur la dynamique familiale et la qualité de vie familiale des personnes élues. 

Enjeux professionnels

Les personnes élues municipales du Québec sont susceptibles, comme toute la population active, de faire face à des défis sur le plan professionnel. Entre l’utilisation de congés et de vacances à des fins politiques, la nécessité de réduire leur temps de travail ou même de changer de profession en raison d’horaires incompatibles ou de conflits d’intérêts, un bon nombre de personnes élues doivent jongler entre leur carrière professionnelle et leurs responsabilités politiques, parfois au prix de sacrifices importants. Cette réalité souligne les difficultés auxquelles elles sont confrontées pour maintenir un équilibre entre leurs obligations professionnelles et leur engagement politique, témoignant ainsi des défis inhérents à la conciliation des deux sphères. 

Enjeux politiques

Une conciliation difficile entre famille, travail et vie politique influence considérablement le milieu municipal, entraînant des défis d’attractivité, de recrutement et de pérennisation. En effet, lorsque les personnes élues font face à des enjeux de gestion du temps, cela peut influencer l’attractivité de la fonction élective et décourager de nouveaux candidats à se présenter. Les personnes intéressées par la politique pourraient être réticentes à s’engager dans une carrière politique si elles perçoivent que cela pourrait compromettre leur équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. Cette réticence à s’impliquer pourrait entraîner une diminution du bassin de candidats qualifiés et diversifiés, limitant ainsi le choix des électeurs et la représentativité démocratique. 

Sur la base de l’analyse des défis de la conciliation pour ce groupe de personnes (presque 8 000 personnes élues dans les municipalités du Québec), il est raisonnable de penser que les efforts en matière de recherche et d’action dans le domaine de la conciliation famille-travail-vie politique des personnes élues municipales peuvent avoir des répercussions positives non seulement sur ces dernières, sur leur famille, sur leur travail, mais aussi, de façon plus large, sur la société québécoise. Aujourd’hui plus que jamais, les enjeux de la conciliation nuisent à la qualité de vie des personnes élues.  

Saviez-vous que?

Selon un bilan produit par Élections Québec en novembre 2023, un nombre record de 800 personnes élues municipales ont quitté leur fonction au cours des deux premières années du présent mandat. 

Par-delà ces considérations, il est indéniable que, depuis plusieurs décennies, des transformations profondes ont secoué le marché du travail. L’entrée massive des femmes sur le marché du travail, l’essor des nouvelles technologies, l’évolution des modèles familiaux et, plus récemment, la pandémie de COVID-19 et la pénurie de main-d’œuvre ont tous contribué à redéfinir les contours de l’emploi.

Il est essentiel d’ajouter qu’en 2023, la parité n’est pas encore atteinte parmi les personnes élues, que ce soit au niveau fédéral, provincial ou municipal. Bien que cinq des dix grandes villes du Québec soient dirigées par des mairesses, il faut garder à l’esprit la situation dans son ensemble et ne pas généraliser cette tendance aux moyennes et petites municipalités. En effet, les femmes sont mieux représentées dans les grandes municipalités que dans les plus petites, soulignant ainsi la nécessité de poursuivre les efforts pour promouvoir et faciliter une représentation équitable à tous les niveaux, tant au sein des grandes, des moyennes et des petites municipalités qu’au niveau provincial et fédéral.