Le rôle des adultes dans la participation publique éthique des jeunes personnes

Stéphanie Watt

Co-fondatrice et co-directrice, Metalude

Dans un paysage municipal qui inclut de plus en plus la voix des jeunes personnes, ce texte présentera des pistes de réflexion et d’action afin que les démarches participatives auprès des jeunes personnes soient éthiques et pertinentes. Le rôle des adultes et des municipalités y sera abordé.

La participation publique des jeunes personnes prend de l’ampleur dans le paysage municipal québécois. Qui n’a pas entendu parler de conseils ou de comités consultatifs composés uniquement de jeunes personnes, de budgets participatifs inclusifs des personnes adolescentes ou de consultations publiques « classiques » avec volets enfance et jeunesse?  

Peu importe la forme participative choisie, la question se pose : comment peut-on assurer la participation éthique et pertinente des enfants et des jeunes aux instances municipales? Voici quelques pistes de réflexion et d’action pour alimenter cet élan municipal en faveur des enfants et des jeunes. 

Aller vers les enfants et les jeunes

Aller vers les personnes qu’on veut mieux connaître corrige un peu « l’effet motivé ». Les conseils et les comités jeunesse, bien qu’ils aient leur place, attirent les jeunes les plus motivés et même les plus politisés.

Ces jeunes croient déjà que leur parole mérite une écoute et sont prêts à s’engager à long terme ou de manière plus intensive qu’on le ferait pour une consultation publique ponctuelle. Aller vers les enfants et les jeunes à l’extérieur des conseils et des comités a le mérite d’aller au-delà des volontaires enthousiastes et d’être ainsi plus inclusifs.

Aller vers les jeunes personnes veut dire aller où elles sont : les écoles, les parcs, les transports en commun, les réseaux sociaux, les camps de jour. Savoir où sont les jeunes personnes, ce n’est pas qu’une question de recrutement et de mobilisation. Ces connaissances serviront une prise de décision nuancée et équitable.

Dans toute étude et préparation de modifications réglementaires, d’investissements, de programmes, on doit aussi considérer l’impact de ces derniers sur les jeunes. Si l’on ne sait pas comment les jeunes personnes occupent et utilisent le domaine public, on ne peut pas évaluer l’impact des actions municipales. Allez vers les enfants et les jeunes, c’est donc une question d’analyse et de relations humaines.

Des relations sociales authentiques d’abord

La quête de telles relations, non celle du résultat et du produit, devrait guider les activités participatives auprès des jeunes personnes. De ces relations émergeront des informations valides et de qualité.  

Dans ce processus, l’adulte devrait prendre une position d’apprentissage, la position souvent imposée aux enfants et aux jeunes justement. Les adultes acceptent qu’ils n’en savent pas assez. Ils s’ouvrent à la possibilité que les priorités des enfants ne soient pas les leurs et que l’intérêt supérieur de l’enfant soit différent de celui de l’adulte (reconnaissant que les « adultes » et les « enfants » ne constituent aucunement des groupes homogènes). Après tout, les enfants et les jeunes, comme les adultes, sont des personnes compétentes et habiletés à comprendre la vie et la ville et à émettre des opinions et des visions. 

Comprendre le contexte inégal

C’est nous, les adultes, qui créons les structures dans lesquelles les enfants et les jeunes se trouvent, sans leur engagement ni leur consentement. Les relations de pouvoir penchent souvent en faveur des adultes, et les enfants et les jeunes personnes le savent. 

Dans ce contexte, nous, les adultes, leur devons la transparence, allant des objectifs du processus participatif à l’impact qu’aura cette participation sur les décisions politiques ou administratives. Il faut répondre au « pourquoi » de la participation des enfants et des jeunes, et ensuite leur laisser le choix de participer ou pas. 

Avant même de demander aux enfants et aux jeunes de nous offrir de leur temps de loisir, déjà minime, nous nous devons de bien réfléchir à nos objectifs. Ceci fait partie de la position d’apprentissage. Si la participation a peu d’impact sur l’organisation consultante et sa prise de décision, nous pouvons privilégier une autre voie, comme celle d’actualiser nos savoirs en lien avec l’enfance et la jeunesse ou en lien avec les priorités des enfants et des jeunes aujourd’hui, comme les changements climatiques, la biodiversité ou l’équité.

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