Pour avoir une idée claire des défis que doivent relever les personnes élues municipales au Québec et comprendre leur quotidienneté, un portrait de la situation s’avère essentiel. Depuis plusieurs mois, Espace MUNI étudie les enjeux de la conciliation à travers quatre dimensions temporelles, soit le temps en famille, le temps personnel, le temps de travail et le temps consacré au mandat politique.
Nous vous présentons d’abord quelques données sur les personnes élues au Québec, puis les données de nos travaux.
La conciliation et la difficulté pour les Québécoises et Québécois de l’appliquer à leurs différents temps sociaux sont des préoccupations largement documentées depuis quelques années dans la littérature (scientifique et non scientifique). Les écrits qui font état de la situation particulière des personnes élues municipales sont rares. On y mentionne les freins suivants :
- Moins de professionnalisation : Contrairement aux personnes élues provinciales ou fédérales, les personnes élues municipales au Québec ne sont généralement pas des politiciens professionnels à temps plein ;
- Cumul d’un mandat électif avec un emploi : Nombreuses sont les personnes élues qui doivent conserver un emploi en plus d’exercer leur mandat électif (la plupart du temps pour des raisons financières), ce qui peut souvent limiter ou compliquer leur disponibilité et leur engagement exclusif envers leurs fonctions municipales ;
- Appartenance à un parti moins courante : Bien que des personnes élues municipales au Québec soient membres d’un parti politique, l’appartenance partisane est souvent moins courante au niveau municipal qu’aux échelons provincial et fédéral. Souvent, les personnes élues municipales se présentent en tant qu’indépendantes. Elles rencontrent alors plusieurs défis, notamment la mobilisation de ressources et le soutien institutionnel pour leurs initiatives politiques. Leur absence de filiation partisane peut limiter leur influence politique et leur capacité de négociation et ainsi les isoler lors de débats municipaux. Elles souffrent également du manque de soutien logistique et de réseautage politique, rendant difficiles les démarches pour servir les intérêts électoraux. De plus, leur isolement politique les expose davantage aux pressions externes et aux conflits politiques, ce qui les rend vulnérables ;
- Grande proximité avec la population : De nombreux citoyennes et citoyens s’attendent à un niveau élevé de disponibilité et de proximité de la part des personnes élues, souhaitant pouvoir les contacter facilement pour exprimer leurs préoccupations, poser des questions ou demander de l’aide. Les personnes élues, perçues comme des représentantes de la communauté destinées à servir l’intérêt public, sont ainsi confrontées à des attentes accrues de la population. Cette notion de service peut créer une pression pour que les personnes élues soient constamment accessibles et disponibles, en particulier considérant les moyens de communication modernes qui permettent un contact instantané ;
- Rôles et responsabilités confondus : Les personnes élues municipales sont souvent considérées comme étant plus accessibles à la population en raison de leur implication directe dans la gestion des affaires locales. Cette proximité peut conduire les citoyennes et citoyens à formuler auprès des personnes élues municipales des demandes, même lorsque celles-ci relèvent de la compétence d’autres niveaux de gouvernement, comme l’éducation ou la santé. Ceci est souvent dû à un manque de compréhension du rôle et de la répartition des responsabilités entre les différents niveaux législatifs de la part de la population.
Faits saillants :
– Nombre de municipalités au Québec : 1 106
– Nombre de personnes élues municipales au Québec : 7 924 *
– Proportion de femmes élues en politique municipale : 36,5 % (contre 63,5 % d’hommes) *
– Proportion de femmes occupant le poste de conseillère municipal : 38,5 %
– Proportion de femme occupant un poste de mairesse : 23,6 %
* Données issues du rapport du MAMH sur les élections municipales 2021